Il pleut fort et le vent souffle, comme si le temps marquait ce premier jour d’absence de Gamin.
L’amour de ma vie, celui que j’appelais ma grosse gueule, mon gros, mon bébé ou le petit con. Ce chien, depuis 13 ans, m’a accompagnée dans mes joies, mes peines, mes peurs. Il m’a accompagnée et littéralement protégée en 2000 quand on m’a découvert un cancer utérin. L’opération et la convalescence qui s’en est suivi a été difficile, et il ne m’a jamais lâchée; couché sur moi sans cesse, me suivant partout.
Au point que son comportement a dû être recadré, car ce jeune adulte de berger avait décidé qu’il fallait me protéger et se protéger lui-même en devenant le chef de la maison. Dès que j’ai pu me remettre sur pied, j’ai repris les choses en main avec un génial éducateur canin; avec pédagogie et fermeté, tout a repris sa place.
J’ai vécu auprès d’un nounours, équilibré, sociable, faisant preuve d’intelligence et qui a tout accepté: les chats, les chiens des autres, les oiseaux blessés, et enfin les galgos. Amour inconditionnel et fusionnel!!! Mais sain.
Tout était dans son regard, j ‘y lisais l’amour, la joie, le bien-être. Et parfois, foutez moi la paix, je veux qu’on me laisse tranquille. Si on n’avait pas compris, il relevait les babines en signe d’avertissement, et alors là RESPECT. Mais c’était toujours adapté.
Le 16 Octobre, il est 7 h. Je dors et suis réveillée par les aboiements de Bélinda, la galga que j’ai en accueil, qui vient derrière la porte de ma chambre. Je sais que quelque chose n’est pas normal, les stores sont baissés donc ce n’est pas une alerte causée par l’extérieur. Je me lève, et découvre horrifiée mon gros, couché sur le flanc pris de convulsions et moussant.
Bélinda inquiète se calme, Blanca a peur et elle est démunie dans son attitude.
Gamin, est décédé le 17 octobre à 19h. Décision prise calmement avec l’aide de Cécile. J’ai passé mon après-midi presque dans la cage avec lui.
Il était incapable de se relever, nous pincions ses coussinets pour tester les sensations, mais il n’y en avait aucune.
Gamin est sorti de sa torpeur, m’a sentie et reconnue, mais l’émotion a entraîné une nouvelle crise. Le fait qu’il ait réagi nous a redonné un infime espoir. Il lui a fallu peu de choses pour se restimuler et tenter de se relever. Mais non, la crise ayant nécessité un nouveau calmant, il est donc reparti en torpeur.
Je suis revenue le soir, c’etait le délai que l’on se fixait, et sa dernière chance de remonter. Me revoir a réentrainé deux petites crises. Et là, stop, on arrête. Je lui ai beaucoup parlé, et son oeil se tournait vers moi, il m’écoutait. Je suis entrée dans sa cage pour le prendre dans mes bras.
Il s’est tout d’abord endormi très très vite. Il a poussé un gros soupir de soulagement, d’apaisement. Le haut de son corps contre moi, le dernier produit a arrêté son coeur en 5 secondes, doucement sans soubresauts.
Bélinda, en sentant la crise et en me réveillant, a permis à Gamin de ne pas souffrir et de ne pas mourir à la maison par terre. Son intervention a permis de réduire la crise, de le prendre en charge, mais surtout, surtout j’ai pu l’accompagner jusqu’au bout et lui dire tout le bonheur qu’il m’a donné.
Quand je suis rentrée hier soir a la maison, j’étais en larmes, malheureuse. Bélinda s’est couchée contre mes pieds qui étaient glacés et Blanca tout contre moi. Elles étaient heureuses de me revoir, mais elles ont canalisé leur joie pour être calmes, c’est ce dont j’avais besoin en rentrant.
Belinda nous a donné à Gamin et à moi-même le cadeau de pouvoir rester ensemble jusqu’à la fin.
Séverine